samedi 10 janvier 2009

Un garçon parfait


Fans de Philippe Besson, réjouissez-vous ! Voici son équivalent suisse, Alain Claude Sulzer qui a abtenu cette année le prix Médicis étranger et des louanges démesurées un peu partout. Je m'étais donc farci Un Homme accidentel de Besson l'an dernier, et je me suis fait Un Garçon parfait de Sulzer cette année. Ca doit être une sorte d'expérience sexuello-littéraire ou du masochisme de ma part, je ne sais pas... je vais aller consulter le psy le plus proche. Mais quelle idée de choisir des titres pareils ! Que vont-ils donc nous proposer à l'avenir ? "Un homme parfait" ? "Un garçon accidentel" ? Pour ma part j'ai la ferme intention de surfer sur cette vague et d'avoir un énorme succès avec un ouvrage que je compte écrire et qui s'intitulera "Le petit bonhomme en mousse". J'y reprendrai les incontournables ingrédients de ces auteurs : une histoire d'amour malheureux, une montée dramatique poignante vers un dénouement inattendu et tragique; du fric, et surtout, surtout,.. un bi ! Carrément indispensable, le bi. C'est le ressort à la mode, le comble du chic littéraire, la terra incognita du gay. Même Arte leur a consacré il y a peu tout un documentaire. C'est dire ! Les hétéros ? On a tout dit. Les gays ? Bon, ben ça va, on a compris. Mais les bi... alors ça, c'est du pain béni. Au moins, l'ouvrage de Sulzer a une assez belle construction et une perspective historique qui sauve un peu le récit et le met bien au dessus de Philippe Besson. En voici le début:

"Le 15 septembre 1966, Ernest eut la surprise de recevoir une lettre en provenance de New York. Mais il n'avait personne à qui faire part de son sentiment. Ernest était seul, il n'avait personne à qui confier l'étonnement et la joie qu'il éprouvait de recevoir des nouvelles de son ami Jacob, cet ami qu'il n'avait pas revu depuis 1936. Le voeu le plus cher d'Ernest, voir Jacob revenir de ce lieu où il était parti trente ans auparavant, n'avait jamais été exaucé. Et voici qu'il se tenait devant la boîte aux lettres, La lettre de Jacob à la main. Il la tournait et la retournait et n'en finissait pas d'examiner le timbre, comme s'il avait voulu mémoriser le nombre de lignes quui l'oblitéraient, avant de glissser enfin l'enveloppe dans la poche intérieure de sa veste."

Voilà... si ce genre de littérature vous intéresse, je pense que vous passerez un bon moment.