Au-delà de nos préjugés étriqués sur la perversion dont nous ne voyons que l’aspect négatif, l’auteur précise qu’elle est aussi « créativité, dépassement de soi, grandeur. En ce sens, elle peut être entendue comme l’accès à la plus haute des libertés puisqu’elle autorise celui qui l’incarne à être simultanément un bourreau et une victime, un maître et un esclave, un barbare et un civilisé. La fascination qu’exerce sur nous la perversion tient précisément en ceci qu’elle peut être tantôt sublime et tantôt abjecte ». C’est donc toute l’ambiguïté de la perversion qui sera abordée ici à travers une analyse historique qui nous mènera des expériences mystiques à nos jours en passant par Sade, le siècle des Lumières, Flaubert, Oscar Wilde, le nazisme…
Le chapitre suivant aborde les écrits sadiens et un passage en particulier m’a intéressé : « l’acte sexuel pervers, dans sa formulation la plus hautement civilisée et la plus sombrement rebelle – celle d’un Sade non encore défini comme sadique par le discours psychiatrique -, est d’abord un récit, une oraison funèbre, une éducation macabre, en bref, un art de l’énonciation aussi ordonné qu’une grammaire et aussi dépourvu d’affect qu’un cours de rhétorique ». J’aime beaucoup l’idée d’un acte sexuel pervers qui est d’abord un récit, comme si le plaisir même de cet acte se tenait dans le discours, comme si l’on pouvait faire des mots comme on fait l’amour. Mais l’auteur reprend la phrase de Roland Barthes : « Ecrite, la merde ne sent pas. Sade peut en inonder ses partenaires, nous n’en recevons aucun effluve, seul le signe abstrait d’un désagrément ».
A travers de très nombreux exemples et des analyses d’une grande finesse du monde contemporain (que je laisse au futur lecteur le soin de découvrir), l’auteur montre parfaitement que considérer la perversion ou la déviance comme une simple maladie que la science suffirait à expliquer et à corriger pourrait mener aux pires horreurs en tentant d’éradiquer ce que l’homme a de pire en lui, mais ce qu’il a aussi de meilleur dans ses transgressions et ses inventions. « Que ferions-nous si nous ne pouvions plus désigner comme des boucs émissaires – c’est-à-dire des pervers – ceux qui acceptent de traduire par leurs actes étranges les tendances inavouables qui nous habitent et que nous refoulons ? » Pour voir une étude plus complète de cet ouvrage, l'aricle du site nonfiction.fr est parfait
En forme de conclusion personnelle, la bande-annonce (pas très réussie je dois bien le dire) de Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol, un de mes films favoris.
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