Les histoires d’amour finissent mal, en général… et surtout chez les gays, on dirait. Je viens d’en avoir la confirmation avec les lectures successives de Mérovée de Nicolas Jones-Gorlin, Des Amants, de Daniel Arsand et Un Homme accidentel de Philippe Besson.
[Petite digression : parmi les rôles interprétés par ce Jack Bell, il y a celui d’un « personnage vénéneux et pervers d’ado faisant tourner la tête d’une vieille actrice pathétique, un objet d’adoration dans une histoire crépusculaire. Presque pas de dialogue mais une présence écrasante » (p. 55).
Tout d’abord un conseil : ne lisez pas ces trois livres d’affilée sous peine de vous retrouver seul à pleurer dans votre cuisine en écoutant du Arvo Pärt à fond et en dévorant un paquet de fraises Tagada jusqu’à l’écœurement.
Partant du stupide principe que les gens heureux n’ont pas d’histoire et pour pallier un manque certain d’imagination, ces auteurs tartinent de la confiture d’amour douloureux sur fond d’inégalité sociale. Chez Philippe Besson, dans le carambolage confus des sentiments, l’homme ne peut être qu’accidentel (pourquoi pas) mais l’amour est toujours assis à la place du mort (plus discutable). Je ne vais pas trop m’étendre sur ce livre qui a rencontré un certain succès.
Ce qui m’intrigue surtout dans L’Homme accidentel et dans Mérovée c’est la place donnée au personnage du flic (narrateur dans les deux romans). Cela m’a beaucoup fait penser à un téléfilm réalisé par Jérôme Anger et diffusé sur France 3 le 10 novembre dernier : Autopsy. Dans cette histoire, le personnage incarné par Stéphane Freiss, un flic de 45 ans, marié, tombe amoureux d’un médecin légiste qu’il croit impliqué dans un meurtre.
Ecrire, me semble-t-il, permet tout de même d’accéder à des mondes beaucoup plus riches.
Dernière chose qui n’a rien à voir : p. 107 chez Besson :
« Cet après-midi-là, je ne suis pas rentré directement au bureau, choisissant de marcher dans cette ville où personne ne marche, parce que la voiture y est reine. Il flottait dans l’air un parfum de bougainvillées. Je ne m’y connais pas particulièrement en fleurs mais je sais reconnaître le parfum des bougainvillées, ma mère me l’a appris, je n’ai pas oublié ».
Il m’est arrivé, au hasard de mes expériences horticoles et de mes nombreuses aventures botaniques de fréquenter quelques bougainvillées. J’avais pour mission de les tailler et nos rapports furent houleux. Ils sont en effet équipés de longues épines en hameçons qui, une fois dans la peau, vous retiennent douloureusement et vous laissent tout le loisir de les admirer et de les respirer longuement avant de parvenir à vous en défaire. Je suis donc en mesure de le garantir : ces fleurs n’ont aucun parfum (ou alors d’une très grande discrétion). Quelle variété de bougainvillées Philippe Besson a-t-il pu bien sentir ? Quand cet auteur manque d’invention, il réussit à inventer mal. La littérature peut beaucoup mais elle ne peut certainement pas donner de parfum à des fleurs qui n’en ont pas et de l’intérêt à des histoires qui ne sentent que le réchauffé.
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