mardi 8 avril 2008


fb62a380dd3d2a1bedc0ee3a25f9f4b5.jpgMathias Malzieu fait fort : un album (magnifique, varié, grouillant d’invités : Emily Loizeau, Arthur H, Grand corps malade, Eric Cantona, Bashung), un livre qui complète le CD et peut-être bientôt un film. Dionysos à tous les étages, je ne vais pas m’en plaindre. Voici donc La Mécanique du cœur. L’histoire : dans l’Edimbourg de la fin du XIXème siècle nait Jack. Son cœur est malheureusement en très mauvais été et la sage-femme le remplace par une horloge. On pressent alors que ses amours ne vont pas être simples et que ce jeune homme va mesurer le temps de son désir et de ses douleurs au cours d’un voyage initiatique qui le mènera d’Edimbourg à Grenade.



1be7e5a6775ba0f47bc3bc431827d0d9.jpgDans un précédent album, Haïku (en 1999), il était déjà question de cœur.

Le cœur est un 45 tours rayé
Où seulement les deux pieds du batteur
Ont pu être enregistrés
A force de s’amuser à faire du rap avec
Le faire accélérer puis ralentir pour rien
Il siffle comme un vieux train
Enrhumé jusqu’au ventre
L’idée générale de faire coïncider un CD et un livre (bien écrit, poétique, surréaliste, très visuel) transforme le tout en un vrai conte musical pour adulte presque hypnotique. En voici un exemple avec un extrait de l’ouvrage (p. 37) et la chanson correspondante avec la participation de Babet et de Rossy de Palma.
Anna et Luna sont deux prostituées qui se pointent toujours en période de Noël en baissant les yeux sur leur ventre arrondi. A la manière dont elles me répondent « non, non, on ne sait rien, on ne sait rien… on ne sait rien, Anna, hein ? On ne sait rien du tout, nous ? », je sens que je suis sur la bonne piste. Elles ressemblent à deux vieilles gamines. C’est du reste ce qu’elles sont, deux gamines de trente ans avec des déguisements en léopard moulants. Leurs vêtements on toujours cet étrange parfum d’herbes provençales, même lorsqu’elles ne fument pas. Ces cigarettes qui leur fabriquent une aura de brume semblent leur chatouiller le cerveau tellement elles les font rire. Leur jeu préféré consiste à m’enseigner des mots nouveaux. Elles ne me révèlent jamais leur sens, mais s’appliquent à ce que je les prononce parfaitement. Parmi tous les noms merveilleux qu’elles m’apprennent, mon préféré restera « cunnilingus ». J’imagine un héros de la Rome antique, Cunnilingus. Il faut le répéter plusieurs fois Cu-ni-lin-gus, Cunnilingus, Cunnilingus. Quel mot fantastique ! Anna et Luna ne viennent jamais les mains vides. Toujours un bouquet de fleurs piquées au cimetière, ou la redingote d’un client mort pendant un coït. Pour mon anniversaire, elles m’ont offert un hamster. Je l’ai appelé « Cunnilingus ». Elles avaient l’air très touchées que je le baptise ainsi. « Cunnilingus, mon amour ! » chantonne toujours Luna en tapotant les barreaux de sa cage du bout de ses ongles vernis.
La quatrième de couverture de l’ouvrage signale la parenté de l’histoire avec le film Freaks de Tod Browning (1932) qui est une véritable merveille.

Pour ma part, le livre de Mathias Malzieu me fait un peu penser à Edward aux mains d'argent de Tim Burton. J'ai d'ailleurs toujours considéré la BO de Danny Elfman comme la musique idéale pour s'endormir tranquillement.

Il est une autre Musique mécanique que j’aime beaucoup. Les paroles sont de Boris Vian, l’interprétation de Juliette Gréco. Une belle filiation.

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