
Le dernier spectacle de Didier Super au Point Virgule est-il comique ? Au vu des réactions du public, il est dans un premier temps possible de répondre affirmativement. Ce public paraissait d'ailleurs conquis d'avance samedi dernier, connaissant certaines chansons par coeur et donc assez familier du travail de l'artiste. Ce dernier se présente sur scène en sous pull trop petit qui laisse voir un magnifique ventre typique du consommateur de bière. On le verra d'ailleurs chanter en actionnant son ventre qu'il sait rendre très expressif en lui ajoutant une paire de lunettes.
Cependant, à y regarder de plus près, il y a, derrière une apparence délirante et outrancière fort sympathique une dimension bien plus sombre et assurément moins comique. Ce spectacle s'inscrit à mon avis dans une double perspective sadique et sadienne. Cette idée peut paraître étrange s'agissant d'un spectacle qui se présente comme comique, je m'explique donc.
Une perspective sadique tout d'abord: il peut arriver à un comique de faire monter un membre du public sur scène. On rit généralement de voir la gêne de la personne choisie lorsqu'elle se présente alors devant le public. Le comique a alors une attitude rassurante et n'exploite souvent la présence de la personne que de manière très respectueuse. Parfois, si les remarques sont moins « gentilles », elles s'adressent à une personne du public non visible par tous et concernant par exemple un rire trop fort, le déclenchement inopiné d'un portable, une réaction trop soulignée.
Didier Super, pour sa part, choisit une jeune fille dans le public pour lui demander de participer à un duo et lui donne pour cela une feuille illisible qui l'empêche donc de faire quoi que ce soit. L'artiste peut alors rappeler que c'est lui la vedette, le créateur et que personne ne peut prendre sa place. On peut y voir une petite allusion aux différents télé crochets télévisés de nos jours. A un autre moment, il présente un préservatif rempli d'une substance blanchâtre qu'il fait exploser sur le public.
Mais alors que la relation sadique s'établit à deux, par exemple dans un cadre consenti où le sadique et le masochiste trouveront leur compte à travers des attitudes prédéfinies,le sadisme de Didier Super s'établit sur un public totalement captif qui, même s'il a une idée du travail de l'artiste, ne sait pas à quoi s'attendre dans le cadre d'une nouvelle création qui va bien plus loin que ce qu'on connaît par les CD précédents. Les attaques sont tellement nombreuses qu'on pousse parfois un soupir, ou même qu'on rit franchement, quand on est épargné par l'artiste. Le malaise peut alors venir du fait que l'autre peut être attaqué sans problème parce que cela permet d'être épargné soi même, ce qui repose bien entendu une question morale qui a traversé l'histoire de l'humanité..
La perspective sadienne est tout aussi intéressante. Elle tient à une volonté claire d'épuisement du discours par la répétition de tous les clichés violents antisémites, antimusulmans, anticatholiques, misogynes, homophobes, un discours évoquant les pédophiles ou les violeurs. Il ne s'agit pas ici de lutter simplement contre le discours ou la pensée politiquement corrects et de faire grincer quelques dents. Il ne s'agit pas non plus uniquement d'interroger les limites du comique. Il y a chez cet artiste comme une fascination de l'activité de rejet de l'autre, du différent, sans proposer aucune vision modélisante en contrepartie,si ce n'est celle d'une individualité limitée à quelques vagues pulsions sexuelles. On se trouve alors dans une forme de nihilisme, où l'artiste ne dénonce pas tant les travers de certains membres de notre société que la violence qui la traverse. A cet égard, on est assez proche d'un discours d'un Marylin Manson qui affirme n'être que le porte parole de la violence du monde qui l'entoure.
Mieux encore il s'agit pour l'artiste de produire également des effets de réel en établissant des rapport violents, insultants avec ses techniciens dont un finira d'ailleurs par venir sur scène à la fin du spectacle pour commencer à la débarrasser. Pour couronner le tout, le spectacle s'achèvera en plein milieu de la rue. Pour cette raison, il m'a semblé maladroit de sa part de nous rappeler qu'il existait le personnage de Didier Super (avec les lunettes) et la personne véritable (sans les lunettes) et qu'il s'agissait de deux personnes bien différentes. Ce rappel tue quelque peu l'effet de réel créé. Le reproche et le même lorsque l'artiste profite d'un rappel pour nous montrer comment il prépare la fameuse capote remplie de faux sperme qu'il avait balancé sur le public auparavant.
Au delà donc de l'aspect comique on a je crois affaire à un spectacle qui est une vraie performance artistique qui nous bouscule et interroge le monde.
« Si personne n'est parti de mon spectacle, alors le spectacle est raté » affirme Didier Super. Je suis bien heureux d'y être resté, bien conscient de la qualité de ce que j'y voyais.



Voici un ouvrage, sorti en 2006,
J’éprouve quelques difficultés à montrer toute la richesse de ce livre qui évoque l’aventure familiale dans ses aspects historiques mais aussi géographiques, sans aucun pathos et avec une grande pudeur, un livre qui mélange le fun des funérailles dont on garde toujours une trace même abrégée, et le fun de la découverte du plaisir.
Une histoire des pervers.
Au-delà de nos préjugés étriqués sur la perversion dont nous ne voyons que l’aspect négatif, l’auteur précise qu’elle est aussi « créativité, dépassement de soi, grandeur. En ce sens, elle peut être entendue comme l’accès à la plus haute des libertés puisqu’elle autorise celui qui l’incarne à être simultanément un bourreau et une victime, un maître et un esclave, un barbare et un civilisé. La fascination qu’exerce sur nous la perversion tient précisément en ceci qu’elle peut être tantôt sublime et tantôt abjecte ». C’est donc toute l’ambiguïté de la perversion qui sera abordée ici à travers une analyse historique qui nous mènera des expériences mystiques à nos jours en passant par Sade, le siècle des Lumières, Flaubert, Oscar Wilde, le nazisme…
Le chapitre suivant aborde les écrits sadiens et un passage en particulier m’a intéressé : « l’acte sexuel pervers, dans sa formulation la plus hautement civilisée et la plus sombrement rebelle – celle d’un Sade non encore défini comme sadique par le discours psychiatrique -, est d’abord un récit, une oraison funèbre, une éducation macabre, en bref, un art de l’énonciation aussi ordonné qu’une grammaire et aussi dépourvu d’affect qu’un cours de rhétorique ». J’aime beaucoup l’idée d’un acte sexuel pervers qui est d’abord un récit, comme si le plaisir même de cet acte se tenait dans le discours, comme si l’on pouvait faire des mots comme on fait l’amour. Mais l’auteur reprend la phrase de Roland Barthes : « Ecrite, la merde ne sent pas. Sade peut en inonder ses partenaires, nous n’en recevons aucun effluve, seul le signe abstrait d’un désagrément ».
Les histoires d’amour finissent mal, en général… et surtout chez les gays, on dirait. Je viens d’en avoir la confirmation avec les lectures successives de Mérovée de Nicolas Jones-Gorlin, Des Amants, de Daniel Arsand et Un Homme accidentel de Philippe Besson.
J’ai immédiatement pensé au rôle joué par Joe Dallesandro dans le film
Rebelote : amour, passion, conflit , blabla…Mais qu’ont-ils donc à devenir tous gays, ces flics ? Pourquoi eux ? Le flic incarne l’hétérosexualité, la virilité assumée, le respect de la loi, l’ordre et le pouvoir.
Il m’est arrivé, au hasard de mes expériences horticoles et de mes nombreuses aventures botaniques de fréquenter quelques bougainvillées. J’avais pour mission de les tailler et nos rapports furent houleux. Ils sont en effet équipés de longues épines en hameçons qui, une fois dans la peau, vous retiennent douloureusement et vous laissent tout le loisir de les admirer et de les respirer longuement avant de parvenir à vous en défaire. Je suis donc en mesure de le garantir : ces fleurs n’ont aucun parfum (ou alors d’une très grande discrétion). Quelle variété de bougainvillées Philippe Besson a-t-il pu bien sentir ? Quand cet auteur manque d’invention, il réussit à inventer mal. La littérature peut beaucoup mais elle ne peut certainement pas donner de parfum à des fleurs qui n’en ont pas et de l’intérêt à des histoires qui ne sentent que le réchauffé.
Mes livres préférés sont ceux dont je suis persuadé qu’on ne pourra jamais les adapter au cinéma. Le livre de Philippe Besson ferait un téléfilm moyen.
Mathias Malzieu fait fort : un album (magnifique, varié, grouillant d’invités : Emily Loizeau, Arthur H, Grand corps malade, Eric Cantona, Bashung), un livre qui complète le CD et peut-être bientôt un film. 
Voici le début de la lettre qu’elle a adressée le 24 octobre 2007 à sa mère et à ses enfants (Lettres à maman par-delà l’enfer – Seuil).
Voici le texte du 29 /12/06 :
Je hais les gens parce qu’ils puent de la gueule et je les aime parce qu’ils puent de la gueule.
Il y a eu un
De manière générale, ce qui m’intéresse surtout c’est l’implication personnelle de Sophie Calle dans ses projets et la manière dont elle traite l’autobiographie et le pacte autobiographique qu’elle nous propose par l’image et par le texte. En voici un exemple, extrait de Dix histoires vraies : Le nez
J’ai beau regarder, jamais je ne me souviens de la couleur des yeux des hommes, ni de la taille ni de la forme de leur sexe. Mais j’ai pensé qu’une épouse se doit de ne pas oublier ces choses-là. J’ai donc fait un effort pour combattre cette fâcheuse amnésie. Maintenant je sais qu’il a les yeux verts.
Si j’évoque aujourd’hui cette artiste, c’est parce que je viens de terminer un ouvrage la concernant. Il s’agit d’un essai d’Anne Sauvageot intitulé Sophie Calle, l’art caméléon (PUF - 2007) qui est assez concis, facile à comprendre et permet d’avoir un tour d’horizon assez complet de l’œuvre de l’artiste. Il propose également une réflexion intéressante sur l’art contemporain quand il s’empare de l’intime ou quand il joue sur les codes du reality show. Voici un extrait de l’introduction de ce livre :
Pour commencer : Mérovée de Nicolas Jones-Gorlin, dont voici la première page.
Cet ouvrage de littérature pour la jeunesse m’a été conseillé par une collègue… qui a très bien fait (merci Séverine !). Le sujet peut paraître un peu ardu de prime abord : Friedrich Ganse, un allemand,

L’un des garçons sera choisi, aura son rapport avec une actrice professionnelle. Il découvrira à cette occasion que parfois, ce rapport n’est pas toujours très propre, et n’est pas exempt de certains accidents mais peu importe, au moins, il aura « fait du sexe ».
L’un de ces extraits illustre d’ailleurs la scène de rupture d’Alex et de sa petite amie et c’est un morceau d’anthologie très comique à mon goût ainsi qu’une manière intéressante de représenter la scène de rupture. C’est également très amusant de montrer cette scène, où Alex rompt les amarres, en l’illustrant par la musique d’





