lundi 7 avril 2008

Christine Orban sort de chez son psy


f2d636b9e72577012891873ab228eb67.gifPetites phrases pour traverser la vie en cas de tempête… et par beau temps aussi de Christine Orban.

Eh bien voilà ! Une fois de plus, je me suis fait avoir par le (trop joli) titre d’un ouvrage ! Ca ne présenterait rien de grave si cela ne m’avait coûté l’incroyable somme de 13 euros. Je préfère de loin voir pour le même prix deux films très moyens que de lire un mauvais livre. Qu’est-ce qui m’a pris ? Je pensais que ce genre de petit ouvrage pouvait faire un bon livre de chevet, un compagnon… une ou deux petites phrases avant de dormir et hop ! on fait de beaux rêves après la rencontre inattendue d’une pensée profonde et une légère méditation délicieusement soporifique. Une heureuse tisane pour les neurones.
On peut être certain, puisque « la recherche de la perfection est une des formes de la solitude », que cet auteur n’est assurément jamais seule. Elle ajoute d’ailleurs : « Des petites phrases ont gouverné ma vie ; j’ai dû me répéter des milliers de fois une phrase de Faulkner, de Nietzsche, ou de Cocteau ; et si la réussite d’un écrivain se résumait à une petite phrase que le monde entier connaîtrait par cœur ? ». J’espère pour elle qu’elle se trompe sinon c’est bien la garantie de son échec.
Pour couronner le tout, cette bourgeoise-pas-bohème-du-tout émaille son catalogue insipide de considérations qu’elle voudrait humoristiques mais d’un matérialisme confondant de bêtise : « Pas d’amant, quelle économie de lingerie ! » ou plus loin : « La lecture m’a épargné tant de voyages » et elle en rajoute une couche : « Ma propension à rêver m’a évité beaucoup de billets d’avion ». On économise, on épargne on évite : quelle leçon ! Son matérialisme peut également être d’une grande vulgarité : « Dans la vie, la marche arrière est aussi indispensable que dans une voiture ». « Qu’en termes élégants ces choses là sont dites » !! On trouve encore des remarques dignes d’être envoyée en SMS par une jeune adolescente sous Ritaline qui en bouffe son forfait SFR : « En amour, il suffit d’être le dernier, pas le premier » (Wouah ! Christine, elle est trop cool ta phrase, elle m’a fait kiffer grave, je l’ai recopiée au dessus de mon lit sous le poster de Britney après sa rupture avec Justin ! Ca m’a vachement rassurée dans mes rapports avec Kevin parce que c’est un peu la merde en ce moment, il est retourné avec Jessica. Ah bon ! Je t’ai pas dit ?). Et comment comprendre encore cette pensée : « On peut se tromper une fois, pas deux ». Qu’elle raconte ça à une femme battue ! Enfin, on a droit à des conseils de décoration que ne renierait pas une Valérie Damidot sous ecsta en train de négocier la loi de financement 2009 : « Il suffit parfois de changer un lit de place pour changer sa vision du monde ». Quelle maestria dans la répétition du verbe « changer » ! Quel formidable remède à la monotonie de la sédentarité ! Pour ce qui me concerne, c’est quand je pisse dans le lavabo que, parfois, ça change ma vision du monde. C’est pareil, madame ? Et quand l’essence est trop chère, je prends un Vélib et ça change ma vision du monde et de mes fessiers ?
Elle ne craint pas non plus de recycler des proverbes du genre : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » mais à sa manière : « Les vieux ne sont plus riches. Les jeunes ne savent pas qu’ils le sont ». Quelle perspicacité, quelle nouveauté dans l’analyse !
J’ai surtout eu l’impression de lire ses tribulations mentales d’après séance chez son psy, quand la pensée divague et que l’on fait une trouvaille qui n’est merveilleuse que pour soi-même. « Quand on est amoureux, l’aimé est toujours absent, même présent… ». C’est aussi ennuyeux que d’écouter un ami qui nous raconte un rêve et qui, malgré toute l’amitié qu’on a pour lui, nous laisse froid comme le marbre. On se sent alors un peu obligé de lui dire quelque chose d’aussi profond que : « Ah ben dis donc alors ! », et on passe à autre chose, du genre : « Je te sers un autre pastis ? ».
A travers ces petites phrases par lesquelles elle se raconte, se dessine le portrait d’une femme. Elle est d’ailleurs à cet égard d’une certaine lucidité : « Maladie des temps modernes : certaines personnes n’existent qu’entre les pages d’un journal ». Pour ma part ma définition serait plutôt : « Maladie des temps modernes : on est toujours porteur sain de ce que l’on dénonce».
Certaines phrases ont cependant trouvé grâce à mes yeux, comme celle-ci : « La nuit, j’écris des notes urgentes et le matin, j’oublie de les lire ». Mais moi je sais que c’est ce que je fais quand j’ai un verre dans le nez et que je me trouve très intelligent. Je la soupçonne de toujours être d’un à jeun désespérant.
Je garderai donc de la lecture de cet ouvrage cette phrase juste, il me semble, dans mon cas : « Le bon moment est presque aussi important que la bonne personne. En fait, l’un ne va pas sans l’autre ». Nous ne nous sommes absolument pas rencontrés : je suis donc aussi mauvais que ce livre l’est.
A mon tour, pourquoi pas, de laisser ma petite phrase, tirée D’Anna Karénine de Tolstoï : «Vous êtes une de ces femmes charmantes avec qui l’on peut agréablement causer ou se taire ». Je conseille le silence à Christine Orban. Elle aura peut-être la chance d’être enfin charmante.

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