mardi 8 avril 2008

Mérovée de Nocolas Jones-Gorlin

L’actualité dans le domaine domaine de la littérature gay est assez riche et je vais tâcher d’en rendre plus ou moins compte. 90865384a7e3502b178503fe75816d40.gifPour commencer : Mérovée de Nicolas Jones-Gorlin, dont voici la première page.

« Je crois que je suis tombé amoureux de Rachid la première fois que je l’ai vu. C’était dans le parking du bâtiment B 12 de la cité des Bosquets de Montvermeil. Il était appuyé contre un mur. Ses cheveux étaient trempés de sueur. Et ses yeux ressemblaient à ceux des biches que mon père m’emmenait chasser quand j’avais 12 ans et que je vivais encore à la ferme. Immédiatement, il m’a rappelé ces jeunes esclaves des films de gladiateurs devant lesquels je me branlais quand j’étais gosse. Même peau sombre. Même bouche en forme de rose. Même silhouette juvénile, mince. Généralement, ils sont là pour enduire les corps hyper-musclés des lutteurs. Le metteur en scène se tape toujours un gros plan de leurs petites mains fines qui se promènent sur les muscles puissants et saillants des combattants de l’arène. Mais j’étais pas là pour me branler. J’étais là pour tuer.Pour le tuer. »

Le ton est donc donné dès la première page : la cité, un petit beur façon caillera, un flic, une histoire d’amour et un conflit intérieur terrible. De fameux ingrédients sont donc réunis mais l’auteur en fait une macédoine très indigeste tant son tour de main est maladroit. On a beau se dire que l’histoire nous est racontée par le flic qui domine l’ouvrage de son point de vue et de son écriture mais on frôle l’indigestion tant le propos est creux et dépourvu de tout talent littéraire.

Ouverture du chapitre 19 :
« - Non. C’est ça qu’il me répond, le père de Rachid, quand je lui demande de venir au commissariat avec sa femme… »

Ouverture du chapitre 22 :

« - Je savais que vous viendriez, jeune homme… C’est ça qu’il me dit, le père de Rachid, quand je le trouve devant le commissariat. »

Je ne vais pas décortiquer point par point les qualités d’écriture de l’auteur et je dirai simplement que le tout forme un ouvrage dont la lecture s’exécute aussi rapidement qu’une éjaculation précoce et avec la même absence de plaisir. On en reste même avec la cruelle impression d’avoir vu un « Wesh cousin » bourré de Valium et égaré dans la collection Harlequin.

Voici la critique de Jacques Nerson extraite du Nouvel Observateur.
"Cinq ans après le scandale de Rose bonbon (le livre donnant la parole à un pédophile, plusieurs associations de protection de l'enfance voulurent le censurer), Nicolas Jones-Gorlin fait son come-back. Conte bleu déguisé en roman noir, Mérovée ne risque pas de lui attirer les mêmes ennuis. Entré dans la police pour fuir sa cambrousse natale et ses penchants serets, Jean s'est laissé entraîner dans le groupe Mérovée : des flics fachos qui se prennent pour Charles Bronson et jouent les justiciers dans la ville. Au moment d'éliminer un témoin gênant, Jean baisse le canon de son arme. trop canon, ce Rachid. Keuf et beur filent le parfait amour. L'histoire, quoique bien racontée, fait un peu image d'Epinal. Vous verrez qu'un de ces jours elle donnera matière à un téléfilm édifiant. L'auteur n'a-t-il d'autre choix que le soufre ou l'eau de rose ? »

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