samedi 5 avril 2008

Et si c'était niais ? de Pascal Fioretto


Et si c’était niais ? de Pascal Fioretto – Editions Chiflet & Cie – 15 € - 210 pages

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L’auteur a construit son récit policier à travers différents pastiches d’auteurs contemporains pour chacun des chapitres. On retrouve ainsi Denis-Henri Lévi, pour le chapitre Barbès Vertigo, Pascal Servan pour Ils ont touché à mes glaïeuls (Journal, tome XXII) ou Christophe Rangé pour Les limbes pourpres du concile des loups, par exemple, dont voici un extrait : Une scène de la guerre du Golfe lui revint en mémoire, enserrant de ses pinces glaciale sa nuque poilue. La bulle d’épouvante, cernée de peur, remonta des sables mouvants de sa mémoire la plus boueuse et vint crever à la surface de sa conscience avec un bruit de phalange brisée. Il pensa au sergent Teddy, son meilleur pote durant les opérations terrestres. Lors d’une incursion en terrain ennemi, les bicots à chameaux avaient capturé Teddy et l’avaient ligoté au soleil du désert pendant des jours et des nuits interminables. Pourtant, malgré la soif, malgré le sable brûlant qui s’infiltrait partout et irritait les plis cutanés, malgré la nourriture affreusement pimentée, Teddy n’avait pas flanché. Au bout de six semaines, le sergent avait été relâché. Quand on l’avait vu réapparaître, à l’aube, amaigri et mal rasé, Adam s’était précipité vers celui qu’il considérait comme son frère d’armes. Teddy semblait infiniment las mais égal à lui-même, si ce n’est qu’il se cognait dans les meubles, égarait de menus objets, pissait à côté de la cuvette et ne retrouvait plus sa chambre… Ce n’est qu’au bout de quelques jours qu’Adam avait compris l’atroce vérité : Teddy s’était fait arracher les yeux durant sa captivité.
On croise également Mélanie Notlong, qui propose pour tout dîner de l’Etorki en corruption bactérienne ainsi que des petits suisses datant de 1999. On a droit à un savoureux monologue de Jean d’Ormissemon se croyant à l’article de la mort qui s’adresse à ce qu’il pense être des anges : De toutes façons nous savons tous que vous arrivez toujours trop tôt. Sans vous, il y aurait encore tellement de jolies choses à faire, de livres à écrire, d’accortes jeunes femmes à raccompagner en décapotable. Tant de baignades dans les Cyclades, de Martini à la terrasse du Danieli, de valses à Vienne, de neige à Courchevel, de moutarde à Dijon, d’oracles à Delphes et de cyprès sur les crêtes de Toscane… Mais ainsi soit-il. Puisqu’il est temps, je laisse les gondoles à Venise, le printemps sur la Tamise , je laisse au loin les pyramides, et le soleil de Floride. On n’ouvre pas les valises, on est si bien…
Sans être un chef d'oeuvre, l'ensemble est très divertissant et se lit rapidement, comme on mangerait une sucrerie. Je vous laisse découvrir la parodie de Christine Angot (qui devient Christine Anxiot) qui est extraordinaire de mordant.

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